En fait, quelques jours avant notre départ, nous avons appris que le canton de Vaud avait été mis sur « liste rouge » par les autorités sanitaires allemandes. Les rencontres ont donc eu lieu au moyen d’une « visioconférence ».
L’Allemagne nous paraît être une clé pour le rayonnement de la vision de JC2033 : elle a en particulier la capacité de planifier longtemps à l’avance. Tant d’initiatives sont parties des Églises de ce grand pays ! L’année prochaine le grand rassemblement des Églises, le « Kirchentag » œcuménique, aura lieu à Francfort - et nous désirons y être présents. https://www.oekt.de En 2022 l’assemblée mondiale du Conseil œcuménique des Églises se tiendra à Karlsruhe - et nous projetons également d’y participer. https://www.oikoumene.org/fr/about-the-wcc/organizational-structure/assembly
Du Jubilé de Luther en 2017…à celui de la Résurrection en 2033
Notre première rencontre par écrans interposés se vit avec « l’ACK » - « Arbeitgemeinschaft christlicher Kirchen », le 6 octobre 2020. https://www.oekumene-ack.de Chaque région a un conseil œcuménique des Églises - l’année dernière nous avions visité celui de Bavière - mais cette fois, c’est la Communauté de travail des Églises chrétiennes d’Allemagne – l’association faîtière – qui nous reçoit.
Verena Hammes, sa jeune secrétaire générale, s’est fait connaître par une thèse sur « l’année Luther » en 2017, où elle montre comment il a été possible de rompre avec une commémoration confessionnelle et conflictuelle de la Réforme pour vivre une « culture œcuménique du souvenir » et ouvrir ainsi de nouvelles perspectives pour la collaboration entre Églises. https://www.bonifatius-verlag.de/artikel/erinnerung-gestalten
De gauche à droite : Hanne Lamparter, Martin Hoegger, Jochen Wagner. En bas : Joanne Suardi, Olivier Fleury, Ralph Peterschmitt, Verena Hammes
Dans la perspective du jubilé de la Résurrection en 2033 nous étions très intéressés à connaître l’expérience allemande du Jubilé des 500 ans de la Réforme. V. Hammes nous explique que les Églises protestantes et catholiques allemandes ont beaucoup collaboré pour ce jubilé, précédé par une décennie. https://de.wikipedia.org/wiki/Luther-Dekade Sur le plan international, le Vatican et la Fédération luthérienne mondiale ont publié une réflexion théologique : « Du conflit à la communion». https://www.lutheranworld.org/sites/default/files/DTPW-From_Conflict_to_Communion-FR.pdf
Sans doute, le moment phare de ce jubilé a été la célébration réunissant le pape François et les responsables de la Fédération luthérienne mondiale, à Lund en Suède, lors du jour de la Réformation, le 31 octobre 2016. https://unitedeschretiens.fr/Une-opportunite-nouvelle-pour-prendre-un-chemin-commun.html
Cependant V. Hammes constate que les Églises libres et orthodoxes n’ont pas vraiment été impliquées et que c’était plutôt une affaire bilatérale entre les deux grandes Églises.
« C’était un jubilé plutôt interne aux Églises et les gens ont remarqué qu’il y avait quelque chose de spécial lorsque le 31 octobre 2017 a été déclaré férié », remarque-t-elle.
Elle ajoute que la différence avec le jubilé de 2033 est que la résurrection de Jésus est le fondement du christianisme et ne conduit pas à la controverse comme la personne de Luther.
Luther, en effet, est une personne qui suscite le débat aussi à l’interne du protestantisme. « Au début, la décennie était axée sur lui, puis nous nous sommes centrés sur Jésus-Christ, en particulier en vivant un pèlerinage en Terre sainte avec une vingtaine de responsables d’Églises. C’est Lui qui nous unit ». https://www.dw.com/de/katholische-und-evangelische-bisch%C3%B6fe-in-jerusalem/a-36107155
Quel rêve pour 2033 ?
Le pasteur Jochen Wagner, référent des Églises libres à l’ACK et la pasteure protestante Hanne Lamparter, référente pour l’œcuménisme mondial, référente au „Konfessionskundliches Institut Bensheim” ont également participé à cette rencontre. Nous leur avons demandé quel était leur rêve pour 2033.
Le premier remarque que les Églises libres se sont beaucoup ouvertes au travail œcuménique ces dernières années. Son rêve est qu’à l’occasion du jubilé de la résurrection, les Églises non seulement l’annoncent, mais vivent ensemble l’enseignement de Jésus sur la justice et la paix, en particulier le Sermon sur la montagne.
La seconde partage aussi son rêve : que les gens expérimentent ce que signifie la résurrection dans leur vie et découvrent que leur vie peut changer. Il ne suffit pas de disposer d’informations.
Mais le problème est la grande sécularisation en Allemagne. Beaucoup de personnes recherchent ailleurs que dans les Églises des réponses à leurs questions. Comment les rejoindre ?
C’est également la question que se pose sans cesse V. Hammes. Son rêve n’est pas seulement de célébrer la résurrection, mais aussi qu’elle conduise à de vrais changements dans une société marquée par la violence et les abus de toutes sortes, également dans l’Église.
Une Église missionnaire
Le pasteur Peter Bregy est d’origine valaisanne mais vit depuis 26 ans en Allemagne. Il est secrétaire général de l’Alliance des Églises pentecôtistes (Bund Freikirchlicher Pfingstgemeinden) qui compte 850 communautés. https://www.bfp.de Nous l’avons rencontré l’après-midi avec Johannes Justus, le président de cette même alliance.
Peter Bregy (à gauche) et Johannes Justus
Comment a-t-il réagi en découvrant cette vision ? Avec joie, il nous dit : « Fondamentalement nous avons le même but que vous : faire connaître le Christ. Il est notre vie. Nous sommes 100% avec vous. Tout ce qui aide à aller dans ce sens, nous l’accueillons et sûrement aussi la dynamique qui conduit à 2033. Je suis persuadé que nous serons ensemble pour célébrer Pâques 2033 et pour témoigner de Jésus-Christ ».
Son élan surprend Johannes Justus qui avoue qu’il n’a encore jamais vu son ami aussi enthousiaste ! Lui aussi nous dit : « Mon cœur est missionnaire. Tu peux le conquérir tout de suite s’il s’agit de gagner les gens au Christ en annonçant la rédemption en Lui ».
Son Église est missionnaire. Depuis 2013 elle a implanté 130 nouvelles communautés. Il se demande comment pratiquement introduire cette vision de JC2033 dans les Églises pentecôtistes. Si son conseil dit oui, il s’y engagera résolument, mais il voudra savoir à quoi il s’engage, financièrement et stratégiquement. Quel est le but ? Quelles sont les étapes durant la décennie de la résurrection ?
Il nous demande de lui faire parvenir des propositions concrètes pour le printemps prochain. Son souci est que nous avancions épaule contre épaule.
Peter Bregy ajoute que le défi est de gagner les responsables pour qu’ils comprennent que le chemin vers 2033 est une occasion exceptionnelle pour faire connaître Jésus. « Nous accueillons tout ce qui nous aide dans ce but ».
Pour conclure cette belle rencontre, Olivier Fleury insiste sur le fait que JC2033 ne veut aucunement piloter quoi que ce soit depuis la Suisse. C’est aux chrétiens de chaque nation de décider ce qu’ils veulent faire. « Comment pouvons-nous rêver ensemble, prier ensemble pour que chacun entende que le Christ est vraiment ressuscité » ?
Martin Hoegger