Pâques ensemble 2025 en Égypte

« Laissez venir à moi les petits enfants ». Fresque dans la cathédrale d’Anafora.

Par Martin Hoegger. Au début du mois de décembre 2023, je suis retourné – pour la 4ᵉ fois en cinq ans – au Caire, afin de visiter des responsables avec lesquels nous sommes en relation. Cette visite avait trois buts : informer sur quelques développements de JC2033, réfléchir comment le chemin vers 2033 peut continuer en Égypte, enfin introduire Michaël Arteen, notre nouveau coordinateur pour le Moyen-Orient, lui-même égyptien.

Image ci-dessus : « Laissez venir à moi les petits enfants ». Fresque dans la cathédrale d’Anafora.

Un petit rappel pour situer le cadre de cette visite. Au mois de mars 2019, Olivier Fleury (fondateur de JC2033) et moi-même avions été reçus par Sa Sainteté le pape Tawadros, à la résidence papale au Caire. Nous lui avions présenté la vision d’une décennie de la résurrection pour préparer le jubilé de 2033 : les 2000 ans de la résurrection de Jésus-Christ. Nous étions accompagnés par les responsables du Mouvement des Focolari en Égypte.

« Comment les Églises en Égypte peuvent-elles être ensemble à cette occasion », lui a demandé O. Fleury. « En effet, 2000 ans, cela se fête. Et cela se fête ensemble ! »

À cette question, le pape Tawadros a répondu qu’il faudrait que le Conseil des Églises d’Égypte y réfléchisse. Un rassemblement œcuménique a été organisé par JC2033 et par un comité œcuménique en lien avec ce Conseil, dans le monastère d’Anafora, en septembre 2021.
Lire : 2021 Anafora

Concernant le problème des différentes dates de Pâques entre les Églises orthodoxes et les autres Églises, le pape Tawadros nous a dit qu’il avait écrit une lettre au pape François en proposant de l’unifier. Des recherches ont aussi été faites par les Églises. Mais, pour le moment, il n’y a pas de résultats. En revanche, il nous a invités à réfléchir à la manière de vivre Pâques ensemble, en Égypte, lors des années où la date sera commune avant 2033 (en 2025, 2028 et 2031). Il précisait que si un rassemblement se faisait à cette occasion, toutes les Églises devraient être invitées « sans aucune exclusion ».

« Les pyramides ne se sont pas construites en un jour »


De gauche à droite : Martin Hoegger, Michaël Arteen et Refaat Fikri

Avec cette recommandation du pape Tawadros à l’esprit, nous commençons nos visites dans le quartier d’Atabah avec le pasteur Refaat Fikry, responsable des relations inter-Églises du « Synode du Nil » de l’Église presbytérienne, qui compte 500 églises et 450 pasteurs.  

Je lui explique que JC2033 participe aussi à l’initiative « Pâques ensemble 2025 » qui invite les Églises à un cheminement commun durant cette année où la date de Pâques est commune et qui marque les 1700 ans du Concile de Nicée.
Lire : Pâques Ensemble 2025

« Je suis 100% convaincu par cette initiative, mais des pas pratiques sont maintenant nécessaires », nous dit-il d’emblée. Il voit l’importance de mettre les jeunes dans le coup et d’avoir une action dans chaque Église. Un autre pas est de faire connaître JC2033 aux autres pays de la région à travers le Conseil des Églises du Moyen-Orient, dont il est un des secrétaires. Homme des médias, R. Fikry est une des « voix de l’Église » à la télévision. Il y a deux ans, il a consacré une émission au rassemblement d’Anafora organisé par JC2033, en 2021. « Les personnes sont attentives ; il y a un potentiel de croissance, c’est pourquoi il faut impliquer les médias », ajoute-t-il.

Samy Samir, le responsable du parcours Alpha pour le Moyen-Orient, est la deuxième personne avec qui nous nous entretenons. Il nous annonce qu’il vient de changer de ministère et se prépare à déménager dans un autre pays du Moyen-Orient. Mais, il nous dit, avec joie, son désir de continuer à coopérer afin de partager la résurrection du Christ... où qu’il soit.


Avec la communauté féminine des Focolari du Caire

Le soir, nous sommes invités à la communauté féminine des Focolari où un copieux buffet oriental nous attend. Nous sommes heureux de revoir nos amies qui s’étaient généreusement impliquées dans la préparation de la rencontre d’Anafora.

Rima Saikali, membre du comité du Conseil des Églises d’Égypte nous dit combien il est important de motiver la jeunesse. Elle nous raconte qu’elle a été très touchée par l’énergie de jeunes qui ont participé à une rencontre organisée par ce Conseil. Quant à Silvia Porta, elle nous donne une « parole de sagesse » : « Soyez patients en Égypte ; les pyramides ne se sont pas construites en un jour !»

Se rassembler autour du Ressuscité

Le lendemain, nous nous dirigeons vers le sud du Caire pour rencontrer Nasr Katkout, l’évêque des Assemblées de Dieu en Égypte, une grande Église pentecôtiste. Lui aussi nous assure d’emblée qu’il soutient pleinement cette marche vers 2033, et que c’est le bon moment de relancer le mouvement en Égypte.


Avec Nasr Katkout (à gauche)

Il nous apprend que la Société biblique d’Égypte vient de fêter ses 150 ans, avec la présence de toutes les Églises. « Si nous pouvons nous rassembler autour de la Bible, nous devons aussi pouvoir le faire autour de la résurrection du Christ », affirme-t-il. Il est prêt à déléguer un membre de son Église pour constituer un groupe de travail, en vue d’une célébration dans le temps de Pâques en 2025, où la date est commune entre tous les chrétiens.

Après cette visite, nous nous rendons dans le « Vieux Caire » au monastère de Saint-Georges, où nous attend le père Damaskinos, de l’Église orthodoxe grecque. Il nous accueille chaleureusement en nous embrassant. Il nous dit son bonheur d’avoir pu participer à la rencontre d’Anafora, alors qu’il était secrétaire du Conseil des Églises. Sur le champ, il soutient l’idée de marquer Pâques 2025. En effet, les gens qui ne sont pas dans les Églises ne comprennent pas cette division autour de la date de Pâques.

« L’Égypte est le héros »

Le soir, nous rencontrons Mgr Claudio Lurati, évêque de l’Église catholique latine. Homme d’unité, il a rassemblé les Églises pour prier pour l’Égypte, le 18 décembre prochain, juste après les élections présidentielles. La guerre faisant rage à Gaza donne une raison supplémentaire de se réunir pour prier.


Avec Mgr Claudio Lurati, Marie-Thérèse et Nadia Doss

Participent à cette rencontre nos amies Nadia et Marie-Thérèse Doss, membres du Renouveau charismatique catholique et bras droits de l’évêque pour l’œcuménisme. Mgr Lurati soutient également notre démarche, mais nous invite à contacter d’autres évêques de l’Église catholique en Égypte, en particulier Mgr Thomas Adly, responsable de l’œcuménisme.

Le lendemain, nous nous rendons à Kasr El-Dobara pour rencontrer le pasteur Sameh Maurice, qui nous reçoit avec Odette Wadie Shafik, la directrice administrative de cette grande Église protestante. Cette dernière fait partie du mouvement « Mary and Élisabeth » qui veut renforcer la participation des femmes dans les Églises du Moyen-Orient. Elle est très intéressée d’apprendre que Grace, l’épouse de Michaël Arteen, vient de soutenir une thèse de doctorat sur les « Mères de l’Église » au Moyen-Orient.

La commémoration des 1700 ans du Concile de Nicée avec la date commune de Pâques en 2025 font écho en lui, car en l’an 325, l’Égypte était le « héros » avec Athanase d’Alexandrie », défenseur de la foi orthodoxe.


Avec Odette Wadie Shafik et Sameh Maurice

Membre du mouvement « Mustard Seed » (« Grain de moutarde »), il nous raconte avec émotion les funérailles d’un de ses fondateurs, le Père Saaman, avec plus de 30 000 personnes. « L’unité et l’évangélisation sont ma vocation et ma passion », nous confie-t-il. Il est heureux que ces deux valeurs soient aussi celles de JC2033 et veut se mettre au service de ce pèlerinage vers 2033 : « Nous serons présents et vous aiderons », nous assure-t-il.

Préparer le chemin du Seigneur

Puis, nous rendons visite au pasteur Andrea Zaki, président des Églises évangéliques d'Égypte, qui nous reçoit avec son bras droit, Michael El Daba. Cette fédération qui rassemble 18 Églises protestantes, évangéliques et pentecôtistes, est très engagée dans l’évangélisation et l’action sociale. Comme il doit présider à l’ordination de plusieurs anciens, il nous quitte assez rapidement, en nous assurant de sa bénédiction et de son total soutien. « Je délèguerai des personnes et ce que le pape Tawadros signera, je le signerai aussi », nous dit-il.


Avec Michaël El Dabah

Après son départ, les deux Michaël, qui se découvrent plusieurs points communs, prennent du temps pour échanger en arabe ; de mon côté, je mets au net quelques notes. M. El Daba est aussi le représentant du « Mouvement de Lausanne » pour le Moyen-Orient qui tiendra son assemblée mondiale en 2024.  

Puis, nous nous rendons au quartier de Zamalek, entre deux bras du Nil, pour rencontrer l’évêque anglican Sami Fawzi. Celui-ci nous reçoit avec une grande cordialité dans son bureau au style très « british », situé dans l’enceinte de la cathédrale « All Saints ». Michaël le connaît déjà, car il vient de donner l’accréditation au séminaire de formation anglican, en sa qualité d’expert de MENATE, l’Association pour l'éducation théologique au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.

D’emblée, l’évêque nous dit que c’est « un privilège de participer à cette merveilleuse initiative », ce qui nous fait, évidemment, très plaisir ! Lui aussi va chercher des représentants pour un groupe de travail.


Avec l’évêque Sami Fawzi

Il nous conseille cependant de visiter les secrétaires généraux des cinq communions d’Églises qui constituent le Conseil des Églises d’Égypte (orthodoxe copte, orthodoxe grecque, anglicane, évangélique et catholique).

L’après-midi, un taxi nous conduit au monastère d’Anafora, où nous devons rencontrer l’évêque orthodoxe copte Anba Thomas, son fondateur. Mais nous apprenons qu’un imprévu l’a contraint de rejoindre le diocèse dont il est responsable. Nous profitons de visiter la nouvelle cathédrale, aux mille fresques bibliques, et de participer à la prière du soir, dans une chapelle illuminée aux bougies, avec de nombreux jeunes en prière.

Le lendemain, nous pouvons avoir un coup de fil avec Anba Thomas et lui résumons nos diverses visites, en lui rappelant la recommandation du pape Tawadros pour Pâques 2025. Avec joie, il évoque le souvenir du rassemblement que nous avons tenu dans son monastère en octobre 2021. Et, avec conviction, il nous dit son désir de continuer sur le chemin vers 2033, en se mettant à notre service et en ouvrant son monastère pour une rencontre œcuménique en 2025.


Prière dans la chapelle d’Anafora

Après la rencontre avec Sami Fawzi, nous avons participé à la messe dans la cathédrale anglicane, où participent les étudiants du séminaire. « Préparez le chemin du Seigneur » : cet appel de Jean-Baptiste au début des évangiles a été le thème du message de l’aumônier des étudiants. Comment le préparer ? En marchant dans l’humilité, le repentir et en pratiquant la justice !

Il nous semble que ces quelques visites durant ces jours intenses ont contribué à préparer un chemin de communion et de témoignage en Égypte. Que l’Esprit-Saint nous éclaire et nous conduise !